PARIS (AFP) - Nicolas Sarkozy entame lundi en Tunisie un séjour de quarante-huit heures largement voué au développement de la relation politique et économique très étroite qui unit la France et son ancienne colonie, à peine perturbée par l'entêtante question des droits de l'Homme.
Après le Maroc et l'Algérie l'an dernier, le président, accompagné de son épouse, conclut chez son homologue tunisien Zine El Abidine Ben Ali sa première tournée des pays du Maghreb.
Il avait par ailleurs effectué un passage en coup de vent à
Tunis et Alger en juillet 2007 dans la foulée de son élection.
Alors que la France s'apprête à prendre en juillet les
rênes de l'Union européenne, le nouveau partenariat promu
par Nicolas Sarkozy entre l'Europe et ses voisins du sud via son projet
d'Union pour la Méditerranée (UPM) sera au coeur de cette
visite d'Etat. Le président doit y consacrer l'essentiel de son
discours devant les étudiants de l'Institut national des sciences
appliquées et des technologies de Tunis mercredi.
Si la France n'a obtenu le ralliement de ses partenaires européens
qu'au prix de sérieux amendements, la Tunisie a immédiatement
soutenu son initiative. A en croire la presse, le président Ben
Ali brigue même le secrétariat général de la
future entité, qui doit être lancée en grande pompe
lors d'un sommet à Paris le 13 juillet.
Sur un plan bilatéral, le séjour de Nicolas Sarkozy aura
une nouvelle occasion de célébrer par de nombreux accords
la relation "remarquable", "dense" et "apaisée", dit-on à
Paris, que la France entretient avec un pays souvent présenté
comme son "chouchou" en Afrique du Nord.
La France doit ainsi signer avec Tunis sa première convention
de gestion concertée de l'immigration avec un pays maghrébin.
Ce texte doit renforcer la lutte contre les clandestins, ouvrir le territoire
français à l'immigration professionnelle et favoriser le
développement dit "solidaire" entre les deux pays, souligne-t-on
à l'Elysée.
Comme c'est devenu la marque de fabrique de sa diplomatie depuis un
an, Paris va offrir à Tunis un accès à sa technologie
nucléaire civile sous la forme d'accord-cadre de coopération.
Identique à ceux paraphés par Tripoli, Rabat ou Alger, ce
texte ouvre la voie à l'éventuelle livraison, d'ici quinze
à vingt ans, d'un ou plusieurs réacteurs nucléaires.
Fidèle à une autre de ses habitudes, Nicolas Sarkozy, accompagné d'une centaine de patrons tricolores, espère décrocher quelques contrats susceptibles de renforcer la place de la France au premier rang des partenaires économiques de la Tunisie. Des discussions sont en cours entre l'avionneur européen Airbus (Paris: NL0000235190 - actualité) et la compagnie Tunis Air pour la livraison d'un nombre indéterminé d'appareils et Alstom (Paris: FR0010220475 - actualité) figure en bonne place pour équiper une centrale électrique. L'Elysée n'exclut pas que ces contrats, pas encore "finalisés", le soient pendant la visite présidentielle.
Dans ce ciel sans nuages, seule la question des atteintes aux droits
de l'Homme en Tunisie devrait, une nouvelle fois, perturber le séjour
de Nicolas Sarkozy. Régulièrement épinglées
par les rapports internationaux, les autorités de Tunis ont interdit
cette semaine une mission de la Fédération internationale
des droits de l'Homme (FIDH) au motif qu'elle faisait preuve de "partis
pris systématiques" contre leur pays.
Les ONG tunisiennes et internationales ont fait savoir qu'elles attendaient
un "geste fort" du président français sur ce terrain. L'Elysée
a promis qu'il en "dira un mot en public".
AFP