ARMÉE D'AFRIQUE
« - Vous la connaissez, vous, la France?
- J'y vais jamais, seulement pour faire la guerre... »
Geneviève Bailac
On parle d'Armée d'Afrique dès 1830. Très vite
furent créées et se développèrent sur le sol
africain des unités comptant souvent une grande proportion d'indigènes.
Ces unités prenaient un caractère particulier qui les différenciait
de l'armée classique, donnant naissance à de nouveaux corps
d'élite: zouaves, tirailleurs, chasseurs d'Afrique, spahis, sans
omettre les « bat' d'Ar ». Formée en métropole,
en 1831, la Légion étrangère allait trouver en Algérie
sa terre d'élection. Destinées à l'origine à
opérer en Algérie, ces troupes témoigneront d'une
valeur qui leur vaudra d'être engagées sur les champs de bataille
extérieurs: Crimée, Italie, Chine, Mexique et dans la défense
du territoire national, dès 1870, en 1914 et 1940, puis dans sa
libération en 1944.
Durant la première guerre mondiale, Zouaves et Tirailleurs
sont désignés pour les secteurs les plus durs, en Champagne
puis dans l'enfer de Verdun. 155 000 Européens et Juifs autochtones
d'Algérie, sont mobilisés, 22 000 meurent au champ d'honneur;
sur les 170 000 musulmans mobilisés, 25 000 sont morts pour la France.
Durant la seconde guerre mondiale, lors de la débâcle,
le comportement des troupes d'Afrique est exemplaire: 36 de nos meilleurs
régiments sont sacrifiés. Après le débarquement
allié en Afrique du Nord le 8 novembre 1942, une levée en
masse sans précédent est organisée (20 classes seront
mobilisées). L'Armée d'Afrique forte alors de ses 168 000
« Pieds-noirs» (17% de la population "européenne") et
de ses 173000 autochtones d'Algérie, du Maroc, de Tunisie, d'A.O.F.
et d'A.E.F., auxquels il convient d'ajouter quelque 20 000 Métropolitains
évadés et un peu plus tard, 35 000 Corses, commandée
dans sa phase décisive par le Maréchal Alphonse Juin (né
à Bône...), devait perdre, selon une logique tristement égalitaire
20 000 « Européens » et 20 000 « Musulmans ».
Les prolongements: En Indochine, les tirailleurs algériens
(5 régiments et 5 bataillons) sont engagés de 1946 à
1954. En Algérie en 1954 l'engagement des musulmans fidèles
à la France perdure; des troupes supplétives, placées
sous autorité tantôt militaire (Harkas), tantôt civile
(Groupes Mobiles de Sécurité) seront créées
progressivement: Sections Administratives Spécialisées, Sections
Administratives Urbaines, Groupes d'Auto-Défense, Unités
Territoriales. Soulignons que le nombre de Musulmans fidèles à
la France qui porteront les armes (300 000) sera 10 fois supérieur
à celui des rebelles.
Un silence injuste a étouffé pendant de trop nombreuses
décennies l'épopée de notre glorieuse Armée
d'Afrique et la si belle fraternité des armes qu'elle a représentée
persiste.
Nous demandons à l'Etat de favoriser par tous moyens le souvenir
de l'Armée d'Afrique, de son exemple, de ses sacrifices et de contribuer
à faire connaître sa diversité cimentée par
la fraternité des armes.